espace idéal : habiter la ville autrement

Ce projet de design collaboratif a pour objectif d’imaginer des espaces de solidarité alternatifs qui répondent aux besoins et aux aspirations des personnes qui habitent la ville autrement. Le Collectif «Dehors de Dehors», formé de membres engagés ayant un savoir d’expérience en itinérance et une compétence en recherche collaborative, a pour origine l’équipe de recherche F.A.C.E (Force. Action. Changement. Équité) de l’Université de Sherbrooke. Ce projet, créé par, pour et avec les personnes qui habitent la rue, a été co-construit avec la chercheuse Caroline Leblanc.

À travers une série d’ateliers créatifs s’étant échelonnés sur plusieurs mois et ayant combiné discussions, collages, dessins et maquettes, les membres du collectif ont chacun pu définir et concevoir leur espace idéal, en choisissant le site, l’échelle du lieu et les processus de conception. Les propositions individuelles émanent d’une définition commune des notions de «l’habiter» et du «chez-soi», ancrée dans une vision collective d’une ville plus solidaire et inclusive.

2024

ateliers de design participatif

collectif dehors de dehors sonia blank, véronic lapalme et caroline leblanc

Les projets réalisés ont été présentés dans le cadre de l’exposition (in)visible au centre de design de l’UQAM, du 22 mai au 16 juin 2024.

Café de rue

Un café de rue, ça n’existe pas à Montréal. Mais c’est important pour socialiser. Le projet que je propose est un café de rue situé dans une ancienne usine du quartier d’Hochelaga. La structure est probablement récupérable.

J’imagine un lieu qu’on peut accéder avec une carte de membre gratuite. À l’intérieur, il y a plusieurs services : une buanderie avec laveuse/sécheuse, des ateliers, un endroit pour écouter la TV, des ordinateurs, une friperie, un café internet, et un espace de consommation supervisé. Il y a des personnes intervenantes sur place, et c’est possible de prendre des rendez-vous avec elles. Il y a aussi des intervenant·es de désescalation, en cas de conflit.

Pour l’itinérance véhiculaire, il y a un long parking à l’avant avec des poteaux électriques, devant le boisé. Il y a aussi un grand stationnement à côté de l’usine pour ceux et celles qui viennent utiliser les services. À l’arrière du terrain, on retrouve 9 conteneurs chauffés, avec électricité et connexion internet. Un bloc de services (toilettes et douches) est situé à l’arrière du bâtiment pour les habitant·es des conteneurs. Ce sont des logements permanents. Au 2e étage, il y a quelques logements transitoires, pour 3 à 6 mois. Les animaux sont acceptés, il y a même une garderie pour animaux. En arrière du bâtiment, il y a une tyrolienne pour chiens. Comme ça on peut attacher les chiens avec un harnais et ils peuvent se promener librement.

Guylain

Lego-Eco-Loco

Situé dans l’arrondissement de Rosemont, ce village de mini-maisons en conteneurs est entouré d’un mur de végétation (plantes, légumes, fruits, herbes et fleurs) et traversé d’un pont piéton. La disposition du site est inspirée des maisons longues autochtones, et de mon ami Francis, qui m’a donné l’idée d’utiliser des conteneurs. Ceux-ci sont isolés 4 saisons, chauffés de façon sécuritaire, meublés et équipés de toilettes personnelles. Si les résident·es souhaitent agrandir leur chez-soi, ils peuvent ajouter un étage. Il y aurait des buanderies, douches et toilettes gratuites pour tou·te·s.

Dans le site, on retrouve une salle communautaire pour des événements, une ruche d’art (atelier d’art communautaire), une bibliothèque sans carte, un café solidaire, et des bureaux pour des intervenant·es sur place. Il y a des foyers et des lumières : Mon côté femme des cavernes ressort ici aussi... Je me sers du feu pour m’éclairer, me réchauffer et pour enlever l’humidité. Mais le feu permet aussi à la communauté de se rassembler en sécurité.

Le projet Lego-Eco-Loco est un lieu à haut seuil de tolérance : la consommation de drogues, les animaux et les couples sont acceptés. Il y a une Possibilité de «trip setting» pour que les individus ne consomment pas seuls. Il n’y a pas de gardiens de sécurité ou de police sur le site, mais des travailleur·euse·s communautaires qui s’assurent de la bonne entente de tout le monde. Le toit n’est pas une solution. Les suivis sont inclus, une fiducie est possible et un kit de départ est donné. Il y a des rencontre pour les résident·es et employé·es régulièrement et la possibilité de travailler à la journée (au café, murs de végétation, neige l’hiver, gazon l’été, etc.).

Mafalda

Habiter dehors

F.A.C.E

La communauté “Habiter Dehors” est un aménagement collectif avec divers services situé dans l’est de Montréal. Elle comporte des espaces pour les tentes, des mini-maisons et un stationnement communautaire longue durée pour les véhicules. Parmi les services déployés, on retrouve des jardins collectifs, des cases postales, des casiers, des blocs sanitaires, une garderie pour animaux et une cuisine collective. Les résident·es ont aussi accès à du travail à la journée, un pavillon de soutien (santé physique, sexuelle, psychologique, etc.), un espace de ressourcement et un pavillon de divertissement.

Un lieu de sécurisation culturelle est aussi planifié afin de procurer aux personnes issues des Premières Nations et Inuites un environnement favorisant le lien avec la nature ainsi qu'un partage de leurs cultures, pratiques et savoirs auprès de la communauté.

Pilotte-Roulotte

Le chat noir

Mon projet, c’est un lieu de tranquillité et de privauté. C’est un lieu entouré par la nature, la végétation et un boisé. Un ruisseau sépare le terrain en deux zones. La première zone est pour l’habitation et la deuxième pour les services et activités. Chacun a sa propre roulotte mobile indépendante, qui peut être une roulotte de construction, ou bien auto-construite avec des matériaux recyclés. Chacun a son petit terrain et cuisine pour soi. Il y a un feu communautaire au centre pour ceux qui le souhaitent. Sinon, dans la zone de services, il y a des toilettes, des douches, et un jeu d’eau pour adultes. Le projet est connecté aux deux petites rues sur le côté avec des allées en gravier, et connecté à la piste cyclable avec un pont qui passe au-dessus de la rue Notre-Dame.

On y retrouve : 1) ruisseau, 2) pont piéton, 3) pavillon sanitaire (douches et toilettes), 4) buanderie, 5) jeu d’eau pour adultes, 6) pavillon sanitaire (douches et toilettes), 7) feu communautaire, 8) pont pour vélos et piétons, 9) accès véhiculaires, 10) espace de stationnement, 11) terrain pour roulotte et 12) barrière de végétation (visuelle et acoustique)

Les 4 éléments

Mikah

Qu’on vive à la rue ou non, lorsqu’on veut habiter l’espace public, on part du principe qu’il faut pouvoir se déposer en sécurité. Notre bien-être est déterminé par un équilibre des quatre éléments suivants : la sphère émotionnelle, mentale, physique et spirituelle. Qu’est-ce qui nous permet d’atteindre ces éléments? C’est à travers une diversité de lieux à petite échelle qui nous permettent de « magasiner » ou « redéfinir » ce que c’est de se déposer, ici, maintenant, en fonction de nos besoins. Ces lieux doivent être à proximité pour se faire à la marche. Pour une cohabitation agréable et saine, les lieux permettent soit de socialiser, communiquer, ou au contraire, d’être en retrait, d’avoir de l’air et de l’intimité. Parfois, avoir envie d’être parmi d’autres sans devoir s’engager, à travers des liens visuels et sonores, ou des énergies.

Des stratégies liés à l’environnement sont d’utiliser des nivellations de terrain, des espaces verts, une bonne connection aux pistes cyclables, prévoir des zones tampon entre les lieux, du mobilier varié (pour s’assoir, se coucher, cuisiner, etc.) et utiliser des dispositifs d’intimité. Des services essentiels comme le wifi public fonctionnel, des prises de courant, des supports à vélo, des casiers et des barbecues communs sont disponibles dans tous ces espaces. Ces lieux sont parfois animés par des comités de personnes résidentes et invitées, qui se rencontrent chaque trimestre pour s’assurer d’une évolution qui fait du sens. Voici des exemples : 1) café/espace d’alimentation solidaire : dans cet espace, il est possible d’offrir un repas au prochain, 2) sanitaires : douches et toilettes gratuites incluant un programme de travail à la journée, 3) buanderie : lieu public partagé avec programme de travail à la journée et prix solidaires (échelle de trois prix en fonction des moyens), 4) espace social : tables à pique-nique, 5) espace fraîcheur : structures pour ombrage et bassins d’eau pour les pieds (avec poissons et végétation de filtration), 6) halte-chaleur : espace public ouvert convivial pour se réchauffer lorsqu’il fait froid, avec ambiance colorée et musique. Ce projet de promenade urbaine n’est qu’un extrait de ce qui pourrait être. Le modèle que je propose peut se reproduire dans chaque secteur ville en respectant ces principes.